FORMANEX S/t (Fibrr records)

Décidément très attaché à dépoussiérer humblement l’héritage de l’AMM, ces deux compositions formulent avec conviction et une haute dose de maîtrise musicale la stratégie et l’optique de leurs pairs. Radicaliser et moderniser tout en perpétuant l’esprit d’une création improvisée, tantôt minimale, tantôt bruitiste ; voici sans doute la vérité profonde et l’engagement dont se sont fait fort les quatre activistes du groupe. Le déboisement auditif continue d’édicter sa loi. La tessiture du son est lourde et oppressante, comme un orage lointain dont les déchirements tardent à venir. La mise sous tension de l’auditeur est constante, crescendo ; elle sature l’espace de ses infra-basses anémiées. La charge héroïque des particules sonores se traduit à l’occasion d’accidents rythmiques concis, de grésillements succincts, de frottements aléatoires, d’effets saturés. Le mot " densité ", sur les premiers jalons de l’écoute ne cesse de larder la langue jusqu’à son ultime conclusion, le cri. Puis des espaces vierges s’esquissent alors. L’accès à leur composition est plus qu’à l’accoutumée difficile. Cependant, à la longue, elles s’avèrent riche de réflexions et de pensées. L’équivalent auditif d’une bonne vieille persistance rétinienne. Si la démarche esquive les travaux de l’AMM et de MIMEO, certains passages sur le disque rappelleront à certains la brise douce de micro événements de Thomas Koner, passés au crible de la pluie noire de Zbigniew Karkowski ou Goem. En parallèle est sortie une session live du Treatrise de Cardew, parallèle de l’enregistrement studio permettant ainsi de mettre en demeure les points d’ancrages et les distanciations voulues par le groupe. Cette confrontation en dit d’ailleurs autant dans ses non-dits que dans ce qu’elle

JJ. jade web (janvier 2003)